Que dit officiellement l’Eglise sur les apparitions de Medjugorge ?

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Honnêtement, elle ne dit pas grand-chose de ferme car c’est une histoire toujours en cours, compliquée, où les polémiques sont nombreuses.

D’une certaine manière, on peut dire qu’elle les déclare comme inauthentiques car c’est la position constante de l’évêque du lieu, l’évêque de Zadar et de ses successeurs, tout comme la Conférence épiscopale de Bosnie-Herzégovine.

Pour autant, Benoît XVI a demandé en 2010 que soit diligentée plus tard une enquête qui a statué, pour faire simple, sur le fait qu’on ne pouvait pas dire que les apparitions ne sont pas surnaturelles. Il y a donc double négation : on ne dit pas que ce n’est pas surnaturel. En la matière, moins plus moins n’est pas égal à plus comme en mathématique : cela ne veut pas dire que les apparitions sont surnaturelles. Mais cela infléchit fortement la position de la conférence épiscopale de Bosnie. Pour être plus précis, la commission d’enquête a estimé que les sept premières apparitions étaient « crédibles » – ce qui ne veut pas dire reconnues – et les suivantes posent beaucoup plus question – ce qui ne veut pas dire inauthentiques.

Les débats sont passionnés, des théologiens sérieux dénonçant une supercherie, d’autres, en particulier le mariologue très reconnu Laurentin, défendant l’authenticité des apparitions. Si on « juge l’arbre à ses fruits », les détracteurs pointent l’enrichissement personnel des voyants, le business des pèlerinages dans le village, le fait qu’aucun voyant ne soit devenu religieux.

Ces arguments ne tiennent pas vraiment. Certes, les voyants restés sur place ont une belle maison par rapport aux standards locaux. Mais elles restent très ordinaires pour des standards internationaux. Ce sont des pavillons comme on peut en voir dans nos banlieues qui n’ont rien à voir avec un palace de rock star. En outre, s’ils sont aisés, leur train de vie n’a rien d’ostentatoire. Au moins deux d’entre eux ont migré aux Etats-Unis et en Italie mais c’est un lieu commun dans l’ex-Yougoslavie.

On ajoutera que devoir recevoir les pèlerins tous les jours comme Vicka ou même une fois par mois comme Mirjana en étant épiée par des milliers de gens est quand même contraignant pour un escroc qui voudrait se la couler douce.

Il est sûr que les pèlerinages ont assuré le développement du village mais n’est-ce pas propre à tous les lieux de pèlerinage ? Quant au fait que les voyants sont tous laïcs, cela est vrai pour bien d’autres, à la Salette, à Banneux etc. Et à l’heure où l’engagement des laïcs est encouragé, c’est peut-être un signe des temps.

Les défenseurs de « Medj » mettent, eux, en avant les conversions, parfois radicales, la piété, l’accent mis sur la confession, le chapelet et le jeûne, les œuvres qui sont nées sur place, comme le Cenacolo pour les personnes victimes d’addictions. De fait, nous avons pu voir une église bondée pendant plus de trois heures où on ne pouvait même plus s’assoir, pleine de gens priant tout le rosaire et participant à une messe en croate, plus l’Adoration eucharistique, dont même les petits enfants priaient et se tenaient tranquilles pendant tout ce temps. On aimerait voir ça dans nos paroisses. Ils rappellent aussi toutes les pressions et tous les tests qu’ont subis les voyants, alors adolescents, de la part des autorités communistes de l’époque et la protection dont à joui le village pendant la guerre de Bosnie. Sans parler de différents miracles vécus ou observés. Ce ne sont pas des preuves – qu’est-ce qui est “preuve” en la matière ?  – mais des faisceaux d’indices.

Pour conclure, les apparitions ne sont pas – encore ? – reconnues même si les sept premières ont des chances de l’être. L’interdiction des pèlerinages a été levée. Il est normal que l’Eglise ne donne pas une réponse tranchée. Tant que les apparitions auront lieu, elle ne peut le faire. C’est après coup qu’un discernement sur l’ensemble des messages de la Ste Vierge et tous les événements survenus pourra se faire. Or, certains voyants affirment que la Vierge leur a promis de leur apparaitre jusqu’à leur mort. Ils ont entre 54 et 59 ans. Si Dieu leur prête vie, il faut encore attendre plusieurs décennies avant une position définitive de l’Eglise.