Livres deutérocanoniques

Qu’appelle-t-on livres « deutérocanoniques » dans la Bible ?

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Les livres deutérocanoniques (= « du deuxième canon ») sont des livres de l’Ancien Testament non reconnus par les Juifs dans leurs écrits normatifs, et par conséquent les Protestants. Cf. Les Evangiles apocryphes – Réponses catholiques (reponses-catholiques.com). La raison invoquée est qu’ils ont été rédigés en grec et non en hébreu ou, à la rigueur, avec des portions en araméen comme pour le Livre de Daniel. Pour les Juifs, cela relativiserait leur caractère inspiré par Dieu.

On compte parmi ces livres des écrits comme 1 et 2 Maccabées, le Siracide (ou Ecclésiastique), la plus grande partie du Livre d’Esther, Judith, les parties du Livre de Daniel écrites en grec, la Sagesse de Salomon, et d’autres encore. Ils sont regroupés dans l’ensemble de l’Ancien Testament écrit en grec, la Bible des Septante. Ce nom vient de la Tradition, qui fait remonter la traduction de la Bible en grec par soixante-dix scribes juifs à Alexandrie au IIIe siècle av. J.-C. Bien que séparés les uns des autres et assignés à résidence par les soldats du roi d’Alexandrie Ptolémée pour qu’ils ne communiquent pas entre eux, ils seraient tous arrivés miraculeusement chacun de leur côté à la même traduction. Donc, aux livres existants en hébreu et traduits en grec par les Septante, se sont ajoutés d’autres livres, soit écrits directement en grec, soit traduits de l’hébreu mais dont le texte hébreu ne nous est pas parvenu.

Les catholiques ont raisonné différemment, en partant du fait que les citations de l’Ancien Testament dans les Evangiles proviennent de la Bible en grec – ce qui est normal, vu que les Evangiles sont écrits en grec. Cela veut dire que les évangélistes mettent dans la bouche de Jésus ou des Apôtres des versets de l’Ancien Testament provenant de la Bible des Septante. A ce compte-là, il n’y a pas de raison d’exclure certains livres sous prétexte qu’ils sont en grec.

D’ailleurs, le Nouveau Testament fait des allusions claires à ces livres, par exemple à propos du chapitre sept du 2e Livre des Maccabées, l’histoire du martyre de la mère et des sept frères. Ce passage est capital, car il est la première attestation de la foi en la résurrection de la chair, deux siècles avant le Christ. La lettre aux Hébreux y fait une allusion en He 11, 35. La controverse entre Jésus et les Sadducéens en Marc 12, 18-27 en est peut-être une autre : le cas d’usage que présentent les Sadducéens avec la femme aux sept maris est sans doute un pastiche de 2 M 7, afin de ridiculiser Jésus et les tenants d’une résurrection des corps.

Il est donc problématique de rejeter ces livres, comme le font les Protestants. Rejeter ces livres, c’est rejeter la Parole même du Christ, et celle des apôtres et évangélistes, puisqu’ils les reprennent. En outre, des éléments-clefs de la foi chrétienne y sont présentés : nous avons évoqué la résurrection de la chair mais on peut aussi citer la doctrine de l’immortalité de l’âme qui prend sa source dans le Livre de la Sagesse.

En outre, alors que les théologiens et biblistes tentent de montrer que, non, la Bible n’est pas un livre patriarcal et que les femmes y sont bien mises en valeur, il faut voir que plusieurs exemples de femmes héroïques proviennent de ces livres : Judith, Esther, la mère de 2 M. Se couper de cette source, ce n’est pas défendre la foi chrétienne contre un féminisme extrémiste.

Notons aussi que les Protestants qui ne se préoccupent pas d’œcuménisme et de réconciliation avec les catholiques (heureusement, d’autres Protestants sont plus ouverts) appellent « apocryphes » les livres deutérocanoniques et « pseudépigraphiques » les livres appelés « apocryphes » par les catholiques. Pas facile de s’y retrouver donc. Mais, Dieu merci, dans les milieux des exégètes, la tendance est de dire « deutérocanonique » quelle que soit la confession de celui qui parle.

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