Je me posais une question qui me pèse un peu sur l’esprit depuis la vigile pascale. J’ai changé de région, et donc de paroisse il y a quelques semaines, et il se trouve que la vigile pascale célébrée dans ma nouvelle paroisse suivait les normes liturgiques du Chemin Neocatéchuménal, ce que je n’ai compris qu’après coup. La vigile a été donc déstabilisante pour un habitué de la messe ordinaire, en particulier au moment de l’Eucharistie. La pratique du Chemin est de donner à chacun le Corps du Christ dans les rangs, puis une fois que tout le monde a reçu le Corps du Christ à la main, le prêtre prononce la parole “Voici l’agneau de Dieu…”, et tout le monde prend alors l’Eucharistie en même temps. Sauf qu’ignorant tout des spécificités liturgiques du Chemin, au moment de la distribution de l’Eucharistie, j’ai tout simplement cru que j’avais dû ne pas entendre le “Voici l’agneau de Dieu”, j’ai donc prononcé à part le “Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir”, et dès que j’ai reçu l’Eucharistie, plus épaisse que les habituelles particules, je l’ai mise à la bouche, habitué aux messes ordinaires où il faut communier devant le prêtre pour éviter tout risque de profanation. Le prêtre qui distribuait ne s’en est pas aperçu, mais me rendant compte que tous mes voisins gardaient l’Eucharistie à la main, j’ai rapidement compris le problème. Par peur de mal faire, j’ai arrêté de mâcher l’Eucharistie (comme il s’agissait d’une espèce plus épaisse il était nécessaire de la mâcher), et je l’ai gardée en bouche le temps que la distribution de l’Eucharistie soit terminée et que le prêtre prononce le “Voici l’agneau de Dieu” avant d’avaler le Corps de notre Seigneur. Toutefois, j’ai peur d’avoir mal agi, soit en ne traitant pas dignement le corps du Christ, soit en méprisant le sens communautaire du geste adopté par les normes liturgiques du Chemin, que je ne remets aucunement en cause, puisque acceptées par Rome, mais qui ont déstabilisé le “catholique de paroisse” que je suis. Pouvez-vous m’éclairer à ce sujet, et en particulier sur la réception de l’Eucharistie avant que le prêtre n’ait formellement prononcé “Voici l’agneau de Dieu…”.
Que l’auteur de la question se tranquillise. Tout d’abord, il n’y a pas que dans le Chemin Neocatéchuménal que l’on communie tous ensemble, après avoir attendu que chacun ait reçu la Sainte Hostie. C’est assez courant dans certaines communautés religieuses, quoique plus souvent pour un petit groupe qu’une grande assemblée. Cela arrive aussi quand des personnes autres que les ministres ordonnés donnent la communion et qu’ils communient aussi au Précieux Sang par intinction, là aussi dans les messes célébrées par les communautés religieuses où on communie sous les deux espèces.
Certes, il aurait été plus judicieux d’ingérer le Corps du Christ sans le garder en bouche. Mais l’auteur de la question n’a pas cherché à mal faire et il n’y a pas lieu de cultiver des scrupules inopportuns.
Nous avons aussi été témoin de la situation inverse : un laïc qui allait donner la communion qui attendait l’hostie en main que tous ceux qui allaient la distribuer aient reçu le Corps du Christ, au lieu de le manger tout de suite. Ce qui montre surtout que mieux on est informé et observateur, mieux c’est.
Jusqu’à la promulgation de la messe de rite ordinaire, à la messe, chaque mot et chaque geste a son importance et sa signification. Le missel expliquant ordinairement en rouge la signification des différents textes et gestes du prêtre et de ses assistants, ainsi que de ceux proposés à l’assemblée. Est apparue la nouvelle messe, avec son missel. Celui-ci comporte d’autres textes et gestes Ceux-ci ne sont plus trop respectés, peut-être du fait que pour beaucoup de rubriques un choix est offert au prêtre et aux fidèles entre différentes formules ou prières. Pourtant le missel existe, il est officiel, et le textes et les gestes indiqués devraient être respectés. Eh bien non. Souvent les prêtres ont changé des mots, rajouté des petites phrases, supprimé d’autres (pour faire joli ? pour se démarquer ? pour pas faire trop long ? …). On en est arrivé très vite à des textes de messe complètement improvisés, même pour la prière eucharistique, au point que j’ai assisté un jour, à l’a basilique Notre-Dame de Genève, (en 1985, par là autour) à une messe où dans son mélimélo de belles phrases, le prêtre en a oublié la Consécration. Tout naturellement, d’autres options sont apparues, pour les autres sacrements. Par exemple, dans bien des paroisses, pour 3 petits quarts d’heure de ‘cérémonie pénitentielle avec absolution collective’, vous obteniez à l’œil, je veux dire sans aucune confession personnelle, l’effacement de tous vos péchés, elle est pas belle la vie ? Et je ne parle pas des célébrations dites œcuméniques, où les catholiques communient joyeusement chez les protestants, et vice versa (“ils ont aussi le droit”) Merveilleux non ? (*).
Pour d’autres, les usages sont modifiés. Je ne connais pas beaucoup les nèocat ( c’est comme çà qu’on dit, quand comme moi on a de la peine à prononcer le mot Néocatéchuménal en entier) mais je sais que le carême y est très rigoureux (on a l’obligation de ne rien manger du jeudi soir au samedi soir(ou dimanche ?) matin), mais ce genre de modifications amène pour moi autant de laisser-aller dans un sens, ou de contraintes non demandées par l’Église dans l’autre. Aberrant, dans un cas comme dans l’autre, et cause pour moi cause de beaucoup d’oubli de la doctrine dans un sens, et dans l’autre des scrupules (arme du démon m’a dit un prêtre) angoissants injustifiés. Cette phrase (“j’ai peur d’avoir mal agi”) est tout à fait significative.
POURQUOI donc ne respecte-t-on pas le missel ? Ceux qui l’ont écrit sont-ils des imbéciles ?
La désaffection de l’Eglise n’est de loin pas uniquement due à cela, mais cet état de fait n’est pas pour arranger les choses.
Lex orandi lex credendi, je n’en dis pas plus.
(*) C’est toujours le cas dans de nombreuses paroisses. On assiste également dans une paroisse de Genève à la prière eucharistique récitée intégralement par les enfants. C’est mignon non ?
cela montre surtout que la communion dans la main favorise toutes sortes de risques de profanation :