Départ des prêtres baby-boomers, une époque se clôt ?

Mon nouvel évêque nous disait récemment à propos du nombre de prêtres : “Quand bien même dix jeunes se présenteraient pour entrer au séminaire, notre situation dans dix ans serait pire que celle d’aujourd’hui”. On peut trouver des motifs à cette situation : baisse de la ferveur, peur de l’engagement, etc. Mais ne sommes-nous pas invités à y voir un “signe des temps” qui indiquerait qu’une époque se clôt ?

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Oui, certainement, une époque se clôt. Mais quelle sera la suivante ?

Car cet évêque a raison. Il est difficile de répondre à l’aveugle sans connaitre la taille de son diocèse, le nombre de prêtres et leur pyramide d’âge. Mais « dix jeunes » qui entreraient au séminaire, c’est de toute façon beaucoup, même pour les diocèses qui ont beaucoup de séminaristes. Et il est sûr que la situation dans dix ans sera pire qu’aujourd’hui.

En effet, nous ne sommes pas démographe mais dans les dix ans qui viennent, la génération assez nombreuse de prêtres baby-boomers continuera à partir à la retraite et à décéder, sans que des effectifs suffisants des générations suivantes les remplacent. Mais ensuite ? Le pic des vocations ayant été atteint en 1965, ces hommes de 25 ans à l’époque en ont plus de 75 actuellement. Ils sont donc en train de partir.

Les prêtres en exercice sont, par conséquent, déjà issus de classes plus creuses. Par conséquent, si « dix jeunes » se présentaient au séminaire à partir de 2024 chaque année pendant dix ans et au-delà, cela changerait du tout au tout sur le long-terme.

D’où sortiraient ces « dix jeunes » ? Bien sûr, la formule de l’évêque montre qu’il s’agit d’un vieux pieux. Mais, alors que les baby-boomers s’en vont, que nous disent les « signes des temps » ? Que le nombre de baptisés adultes croit de 34% depuis deux ans. Qu’il y a donc bien en effet covid. C’est très peu par rapport à la chute de baptêmes de bébés mais voilà un véritable « signe des temps ». Il faudra voir s’il y a une inflexion post-pandémie pour les baptêmes d’enfants aussi (les chiffres post-covid ne sont pas encore publiés). Il existe donc un frémissement de ferveur et de foi dans la génération Z.

En outre, on le sait, ces baptisés adultes sont très engagés et sont nombreux à s’engager ensuite dans la vie consacrée. Ils sont d’excellents évangélisateurs d’autres jeunes, mais aussi de leurs familles.

Une enquête de La Croix publiée début 2024 sur les premiers prêtres de cette génération (pour être exact, de la fin de la Génération Y car ils ont au moins 26 ans) nous donne quelques grands traits de leur vocation :

  •  Issus de familles chrétiennes ferventes
  • Fréquentant l’aumônerie ou des mouvements de jeunesse
  • Passés par le scoutisme, particulièrement d’Europe
  • Participant aux JMJ.

On le sait aussi, il y en a toujours dix chaque année et même bien plus qui entrent dans les séminaires de la Communauté St Martin, d’autres mouvements (plus ou moins) traditionnalistes et le Renouveau charismatique. Si nous ne voulons pas que les traditionnalistes siphonnent toutes les vocations, que font les adultes pour permettre aux jeunes de passer par ces lieux d’éclosion des vocations ? A quand partout des propositions qui soignent la liturgie, forment solidement les séminaristes, soient robustes sur la doctrine, valorisent la confraternité et soient ouvertes sur l’accueil de l’Esprit ?

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Commentaires

  1. Bruno ANEL

    Réponse : je ne suis pas sur, cher Père, que le brave prêtre africain qui a célébré la messe dans ma paroisse ce matin avait besoin de 10 ans d’études pour paraphraser les textes du jour pendant 15 mn.

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