Vous dites que Dieu peut ressentir de la joie ou de la colère. Cela me surprend parce que j’ai toujours considéré Dieu comme étant constant au-delà de tous les sentiments humains : Dieu ne peut être surpris, Il sait tout, Il comprend tout, Il ne peut se repentir etc. Le langage de l’ancien testament ne serait donc pas une tentative humaine défectueuse de verbaliser l’état d’être de Dieu ?

Et bien, comme nous le disions dans https://reponses-catholiques.com/simplicite-de-dieu/, ce dieu décrit dans la question n’est pas le Dieu des chrétiens. C’est le dieu des philosophes et des francs-maçons, peut-être, mais pas celui de la Bible. Et ce dieu-là conduit tout droit à l’athéisme ou au fanatisme car il est incapable de répondre au scandale du mal et à la détresse humaine.

Car l’Ancient Testament écrit le contraire : Dieu aime, a pitié, se repend (après le Déluge), se met en colère, est jaloux etc. Que ces sentiments soient exprimés en langage humain, évidemment. Mais ne seraient-ce pas plutôt les sentiments de Dieu qui sont projetés sur l’être humain, créé à son image ? D’où vient l’amour humain, la miséricorde, le pardon, le repentir, et même la colère – du moins quand elle est sainte – sinon de l’inspiration de l’Esprit-Saint ? Un homme qui ne serait pas à l’image de Dieu, et donc n’éprouverait pas les sentiments de Dieu, serait livré à son animalité, son instinct, sa violence.

De même, Dieu sait tout et comprend tout, certes. Mais tout n’est pas écrit et oui, la liberté de l’homme peut le surprendre. Dieu accepte de négocier avec Abraham la survie de Sodome, pourquoi le ferait-il s’Il ne prenait pas la peine d’écouter jusqu’à combien de justes Abraham va descendre et quelle va être la réaction de Loth à la venue des deux hommes ? Pourquoi dire à la femme de Loth de ne pas se retourner s’Il est sûr qu’elle va le faire ? Autant ne pas la faire quitter Sodome directement, ça ferait des économies de temps et d’énergie.

Le Dieu qui a tout écrit, c’est le Dieu des musulmans, par celui des Juifs et des chrétiens.

Et, pour ceux qui n’ont pas compris le message de l’Ancien Testament, Dieu s’est fait homme dans le Nouveau. Le Christ éprouve ces sentiments-là mais aussi l’angoisse, la tristesse, la souffrance, jusqu’à l’extrême. Il est surpris par la foi de la Cananéenne ou du centurion, par la profession de foi de Pierre.

C’est parce que Dieu descend au plus profond de notre condition humaine et parce qu’Il dialogue avec des êtres libres dont Il fait ses semblables (« je ne vous appelle plus serviteurs, je vous appelle mes amis ») qu’Il nous sauve. Son salut est existentiel, il n’est pas plaqué magiquement de l’extérieur. Et c’est par son Esprit-Saint qui agit en nous que le plan du salut peut se déployer jusqu’au terme qu’Il a, pour le coup souverainement, fixé.