
Qu’est-ce qui autorise l’Eglise catholique à se dire “seule et unique Eglise du Christ ” ? Je connais un peu l’Eglise copte orthodoxe : pour les Coptes, leur pape est à Alexandrie, comme le pape catholique est à Rome comme patriarche d’Occident. Ils ne lui ont jamais reconnu une quelconque “primauté” et considèrent que l’unité des chrétiens ne peut exister que dans la foi (sans le filioque cependant.)
Il y a deux types de raisons qui permettent à l’Eglise catholique de se dire seule dépositaire de la foi complète reçue des apôtres. Le premier est « ecclésiologique », relatif à l’organisation de l’Eglise et, en l’espèce, du fait qu’elle est une église apostolique. Le deuxième est « dogmatique », c’est-à-dire relevant du contenu de la foi proprement dit.
1° On récite dans le Credo que l’Eglise es « une, sainte, catholique et apostolique ». Cela veut dire que le fait d’avoir reçu la foi de la part des Apôtres et d’avoir des évêques successeurs des Apôtres est constitutif de la foi chrétienne véritable. Du coup, toutes les églises qui n’ont pas des évêques dans la succession apostolique ne sont pas des églises dépositaires de la vraie foi. C’est le cas de toutes les églises qui, soit n’ont pas d’évêques, soit ont des évêques mais en concurrence avec un évêque catholique.
Les églises orthodoxes ne sont pas dans ce cas, l’Eglise catholique leur reconnait des évêques issus de la succession apostolique. En revanche, elles tordent un autre principe d’ecclésiologie, la primauté de Pierre. Elle est claire dans les Evangiles et les Actes des Apôtres et, dès l’Antiquité, le Pape de Rome, successeur de Pierre, était reconnu comme ayant une primauté. Elle était plus ou moins relative mais bien réelle, cela se voit dans les différents conciles œcuméniques de l’Antiquité et c’est bien cette primauté qui a été contestée lors du schisme de 1054 qui a séparé catholiques et orthodoxes. Donc les Coptes orthodoxes, comme tous les autres orthodoxes, ne reconnaissent évidemment pas cette primauté mais c’est bien leur problème : ils sont dans l’erreur sur ce point.
2° Venons-en à l’aspect dogmatique. Les divergences entre catholiques et orthodoxes sont légères mais il y a bien celle du filioque. C’est quand même une erreur théologique des orthodoxes de considérer que l’Esprit-Saint n’est pas l’Esprit du Christ et/ou, que le Christ ne peut pas le communiquer. L’Ecriture dit bien le contraire (cf. Jn 20, 22). C’est aussi une erreur ecclésiologique du fait que les orthodoxes ont rejeté le compromis du Concile de Florence en 1439-45 : les délégués byzantins avaient accepté un Credo stipulant que l’Esprit « procède du Père par le Fils », ce qui était acceptable théologiquement pour les catholiques. Ils ont été désavoués par leur hiérarchie et le problème est resté entier, vitrifié qu’il a été par la prise de Constantinople par les Turcs huit ans plus tard.
Pour ce qui est spécifiquement des Coptes, le problème est bien plus grave car ils sont au départ monophysites. On est alors carrément dans l’hérésie car ils ne reconnaissent pas la double nature divine et humaine du Christ, telle que définie au Concile de Chalcédoine (451). Pour eux, le Christ n’a pas de nature humaine, donc Il ne souffre pas vraiment sur la Croix et toute l’Incarnation est caduque.
L’eau a coulé sous les ponts depuis Chalcédoine et un compromis a été trouvé pour harmoniser leur foi à celle de la « Grande Eglise » (qu’elle soit catholique ou orthodoxe). L’Eglise catholique ne les considère plus comme hérétiques. Mais on revient de loin et ils restent schismatiques.
Bonjour,
On devrait aussi ou plutôt se demander pourquoi, depuis le début des années 1960, tant et tant de clercs, institutionnellement catholiques et intellectuellement continuateurs des modernistes, tiennent absolument à ce que les catholiques connaissent et comprennent le moins possible les différences de nature entre la foi catholique et les confessions chrétiennes non catholiques, entre la religion chrétienne et les religions non chrétiennes, et entre l’Esprit de Dieu et l’esprit du monde…