Que faire face à un prêtre qui n’a pas la foi ?

Un prêtre avec lequel je parle régulièrement au cours de repas, a tenu des propos tout à fait hérétiques : le purgatoire et l’enfer n’existent pas puisque tous les hommes sont sauvés et tout de suite, Marie n’est pas vierge physiquement, Notre Seigneur a été conçu par des rapports sexuels normaux entre ses parents terrestres… C’était dans un cadre privé (au cours d’un repas, comme mentionné). Quelle attitude adopter vis-à-vis de lui ? Peut-on recevoir les sacrements de sa main ? Il a reconnu lui-même que pour ne pas avoir de problèmes avec l’évêque, il se censure lors des homélies, qui sont d’ailleurs de qualité.

[Nous invitons nos lecteurs à poser leurs questions dans les commentaires de nos articles car les questions ne nous parviennent plus autrement. Nous rappellerons ce message tant que le problème informatique ne sera pas réglé]

Voilà qui est consternant et très triste, mais malheureusement assez courant. Beaucoup de prêtres ne croient pas grand-chose à ce qu’ils prêchent, et cela ne date pas d’hier.

 

Il y a deux questions et nous commençons par la deuxième :

 

Peut-on recevoir les sacrements de sa main ? Oui, les sacrements sont valides et licites. Ce n’est pas la qualité et la sainteté du ministre qui donne leur force aux sacrements.

 

2° Quelle attitude adopter vis-à-vis de lui ?

Il est peut-être difficile d’argumenter contre lui si l’on n’est pas soi-même bien formé en théologie. Nous recommanderions donc de l’éviter autant que possible. Si, comme vu au point 1°, recevoir les sacrements de sa part est possible, autant, si on a le choix, aller voir ailleurs. En tous cas, le fuir absolument pour tout ce qui relève de l’accompagnement spirituel.

 

Il faut aussi alerter ses amis et son entourage. Le problème est que beaucoup de chrétiens pensent comme ce prêtre, donc il vaut mieux le faire avec des personnes de confiance, dont on sait la foi solide, ou au contraire qui peuvent être mises en danger avec lui. Par exemple des catéchumènes ou des enfants.

 

Comme ses propos sont privés, il nous semble difficile d’alerter officiellement l’évêque à ce stade. Mais si l’occasion se présente à titre officieux, pourquoi pas… Sachant qu’il y a le risque que l’évêque partage peut-être ces opinions !

 

Bien sûr, l’idéal est d’engager une conversation spirituelle avec ce prêtre pour l’amener à réfléchir et à corriger ses erreurs. C’est plus difficile, à moins d’être bien formé théologiquement ou d’avoir des inspirations de l’Esprit Saint imparables ! Cela arrive pour certaines personnes à la foi profonde, par exemple dans le Renouveau charismatique. Même des personnes très simples et peu éduquées peuvent ouvrir les cœurs en témoignant des grâces reçues en priant pour des défunts, ou en contemplant Marie toujours Vierge, à Lourdes ou ailleurs.

 

Il y a bien sûr aussi des arguments rationnels, en particulier dans l’Ecriture. La prière pour les morts existe depuis le Deuxième livre des Maccabées (2 M 12), donc il est bien acté dans la Bible qu’il faut prier pour eux. C’est le principe même du Purgatoire. Jésus nous parle des péchés qui ne seront pardonnés ni dans ce monde ni dans l’autre (Mt 12, 32), ce qui confirme l’existence de l’Enfer (ce qui n’est pas pardonné dans l’autre monde) et du Purgatoire (ce qui peut se pardonner dans l’autre monde).

 

Pour ce qui est de la conception virginale du Christ, même les pires ennemis du christianisme que sont le Juif Tryphon qui polémique contre Justin au IIe siècle, ou le païen Celse contre Origène au IIIe, sans parler du Talmud, ont toujours dit qu’Il n’était pas le fils de Joseph. Ils ont accusé Marie de l’avoir eu avec un Romain, d’avoir été violée etc. Mais jamais qu’Il n’est né de Joseph. Et il est intéressant que Mt 13, 55 nous dit de lui « N’est-ce pas le fils du charpentier ? n’est-ce pas Marie qui est sa mère ? », alors que Mc 6, 3, qui est plus ancien de l’avis de la plupart des exégètes écrit : « N’est-ce pas le charpentier, le fils de Marie. » Donc dans la version la plus ancienne, on souligne lourdement que Joseph n’est pas le père de Jésus en mentionnant qui est sa mère, ce qui ne se fait jamais dans les cultures orientales (on est toujours fils de son père : Ben Untel ou Bar Untel, y compris dans les pays arabes actuels).

 

Bref, c’est de dire que Jésus est né de ses parents qui est une construction moderne. Toute la tradition, y compris anti-chrétienne, insiste sur le fait que Joseph n’est pas son père.

 

L’auteur de la question aurait tout intérêt de se former le mieux possible en théologie, il y a des parcours très bien faits pour laïcs un peu partout, afin d’avoir du répondant face à ce prêtre. Il peut aussi demander à un prêtre plus sérieux ou une personne bien formée des arguments… Et bien sûr lire www.reponses-catholiques.com pour en trouver.

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