Quelle est la cause de l’effondrement moral ?

Qui est responsable de l’effondrement des valeurs morales de nos jours ? « À cause de l’ignorance qui est en eux » N’y a-t-il pas un défaut d’instruction spirituel ?

Cette question provient d’un commentaire sur notre article relatif à une personne transgenre. Elle pose une interrogation bien plus large, sur laquelle, bien malin qui peut apporter une réponse définitive. Nous nous contenterons de faire part de nos réflexions. Nous convenons volontiers qu’il y a certainement un défaut d’instruction spirituelle. Mais, selon nous, c’est une conséquence plutôt qu’une cause de l’effondrement des valeurs morales. Ou, plus exactement, elle n’en est qu’une cause seconde.

La déchristianisation entraine effectivement une absence de formation éthique et spirituelle, qui entraine un effondrement éthique. C’est certain. Mais qu’est-ce qui a déclenché la déchristianisation ? Pourquoi, à un moment, cette transmission et cette formation n’ont plus été faites ? Et là, ce n’est pas à mettre sur le dos de l’ignorance, cette explication vaut pour les païens. Mais, dans les pays de vieille chrétienté, nous n’étions, justement, pas des païens.

C’est, au contraire, « la trahison des clercs », pour rendre à l’expression de Julien Benda son sens propre, qui est en cause. De clercs parfaitement formés. Ce sont eux qui font les hérésies, pas de simples fidèles mal catéchisés. Et, de loin en loin, les hérésies génèrent de nouvelles hérésies de plus en plus radicales, un éloignement de plus en plus prononcé de la saine doctrine, puis de l’abandon de Dieu et de son Christ. Et alors, la porte est ouverte à toutes les subversions morales, puisqu’il n’y a plus d’instance de référence pour des valeurs éthiques.

Certes, en général, l’effondrement moral n’est pas recherché tout de suite par les auteurs d’hérésies. Mais il finit par en découler. Il était certainement complètement étranger au schéma de pensée de Luther ou Calvin de marier à l’Eglise des personnes de même sexe. Mais en rejetant la doctrine des sacrements, l’indissolubilité du mariage, le principe même d’un Magistère et d’un garant de la foi qu’est le Pape, ainsi que la valeur de la chasteté, de loin en loin, on en arrive à l’Eglise protestante unie de France et bien d’autres églises protestantes qui bénissent les unions homosexuelles. Les personnes qui ont voté ces bénédictions connaissent la Bible sur le bout des doigts et ont fait des années de théologie. Mais elles refusent les Commandements du Seigneur qui limitent les appétits de puissance des hommes, et leur traduction dans une Tradition qu’on ne peut pas manipuler selon les pulsions du moment.

On pourrait multiplier les exemples un peu en vrac sur la complaisance de chrétiens très bien formés pour l’avortement, l’euthanasie, le soutien à la lutte armée de groupes marxisants, ou au contraire la violence à l’égard des migrants, des idéologies nationalistes où l’Eglise est à la botte de l’Etat, l’oppression des plus pauvres et des pratiques économiques douteuses etc.

Un invariant dans la plupart des schismes ou hérésies est le refus du célibat des prêtres et de l’indissolubilité du mariage (il a pu arriver dans l’Antiquité l’excès inverse : les tenants de l’hérésie montaniste qui se castraient volontairement. Mais le moins qu’on puisse dire, c’est que ce n’est pas très courant de nos jours). C’est donc un premier effondrement moral par rapport à la chasteté qui en déclenche d’autres.

Notons enfin que la déchristianisation se fait de loin en loin. On veut d’abord “démythologiser” la foi, faire du Christ un simple humain, transformer Dieu en concept, puis le rejeter. Les parents de Marx s’étaient convertis au protestantisme. Lui-même était athée. Il a abandonné la morale judéo-chrétienne pour lui en substituer une autre, pensant bien agir, qui a ouvert la porte aux pires crimes. L’effondrement moral vient de l’abandon des valeurs judéo-chrétiennes sont en fait remplacées par d’autres… Qui se croient elles-mêmes tout à fait morales.

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Commentaires

  1. ANEL Bruno

    Le terme “trahison des clercs” me semble excessif : ce sont tous les éducateurs qui sont aux prises avec une rupture de la transmission des valeurs, les parents et les professeurs en premier. Les valeurs chrétiennes n’étaient pas en contradiction avec la morale enseignée autrefois par les instituteurs et les parents. J’ai constaté cet été que de jeunes parents chrétiens et de bonne volonté avaient le plus grand mal à obtenir de leurs enfants qu’ils obéissent et se tiennent bien à table. Dans ma jeunesse (j’ai 76 ans) les valeurs du mariage, de l’école, de la politesse, du respect des adultes et des valeurs morales de base faisaient consensus dans la société, chrétienne ou pas. Le phénomène de rupture de transmission n’affecte pas que le christianisme : il est sociologique. Le tort de l’Eglise est de n’avoir pas discerné l’ampleur du phénomène.

  2. Denis Lussier

    La description du code moral qu’en donne Saint Paul est bien représentative de notre époque.

    2 Timothée 3
    3:1 Mais sache ceci: que dans les derniers jours des temps critiques, difficiles à supporter [ cruel ], seront là.
    3:2 Car les hommes seront amis d’eux-mêmes, amis de l’argent, arrogants, orgueilleux, blasphémateurs, désobéissants à l’égard de [leurs] parents, ingrats, sans fidélité,
    3:3 sans affection naturelle, sans esprit d’entente, calomniateurs, sans maîtrise de soi, cruels, sans amour du bien,
    3:4 traîtres, entêtés, gonflés d’orgueil, amis des plaisirs plutôt qu’amis de Dieu,

    Dieu, par Paul, nous parle des derniers jours. Personnellement, a ce que je vois, je crois bien que nous y somme.

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