Je lis ceci sur le site de l’abbaye bénédictine de Valmont :in https://www.abbaye-valmont.fr/les-religions-les-plus-persecutees-au-monde/ “L’Islam est la religion la plus persécutée au monde, car elle est considérée comme une menace pour les pays occidentaux.” Est-ce exact ?
Non, d’après nos sources, ce n’est pas exact du tout, c’est même carrément faux. La religion la plus persécutée est, de très loin, la religion chrétienne.
Les auteurs du site pourront peut-être contester nos affirmations à partir de sources et de données chiffrées fiables. Mais, ce qui frappe dans leurs propos, c’est leur caractère vague et peu rigoureux : pas de sources, pas de chiffres sauf pour les Etats-Unis, qui contredisent les propos (506 agressions contre des musulmans contre 1495 contre des chrétiens, puis 516 contre des musulmans, ce qui montre un manque de rigueur évident dans le traitement de l’information. On notera qu’il n’y a pas un mot sur les actes antisémites.)
Les pages mélangent des données sur le développement durable avec le sujet. Leurs propos sur les attentats sont ambigus. Certes, les victimes ont aussi été musulmanes (elles étaient même un tiers dans l’attentat de la Promenade des Anglais à Nice en 2016). Mais les coupables étaient systématiquement musulmans et les musulmans n’ont pas été visés en tant que tels, contrairement à ceux visés explicitement comme chrétiens comme le père Hamel ou les victimes de l’attentat de Notre-Dame, toujours à Nice en 2020. Sur le plan historique, elles assimilent les croisades à des persécutions contre les musulmans alors que c’était une opération de défense des chrétiens du Levant et des Byzantins, à leur appel explicite. Eux-mêmes étaient gravement persécutés dans les pays déjà sous occupation musulmane, ou menacés de l’être. Exactement comme les opérations eu Syrie, Irak ou Lybie, ou encore la défense de l’Ukraine contre l’envahisseur de nos jours. Pas un mot n’est dit sur les 7 siècles de colonisation musulmane en Espagne, ou l’occupation ottomane en Europe de l’Est, qui a pu durer jusqu’à 4 siècles selon les endroits. Et bien sûr, silence criminel sur le génocide arménien (et syriaque) et le génocide opéré par l’Etat islamique contre les chrétiens et les Yezidis, pourtant reconnus par l’Union européenne, la France et d’autres organisations internationales.
A l’inverse, nous, nous donnons des chiffres : au chapitre des persécutions actuelles, 360 millions de chrétiens subissent des persécutions, parfois sanglantes, selon Portes ouvertes (https://www.portesouvertes.fr/). D’autres sources comme Aleteia ou l’AED confirment ces données : https://www.vaticannews.va/fr/eglise/news/2019-11/rapport-d-aed-les-chretiens-plus-persecutes-que-jamais.html, https://fr.aleteia.org/2022/02/19/le-chiffre-75-des-personnes-persecutees-pour-leur-foi-sont-des-chretiens/. Les chrétiens représentent 75% des persécutés.
En outre, les chrétiens demeurent les plus persécutés en pays gouvernés par des musulmans : https://www.persecution.org/2021/10/10/pew-report-ranks-middle-east-highest-persecuted-region/, l’inverse n’étant pas avéré. Pire, la persécution augmente : https://www.vaticannews.va/fr/eglise/news/2022-11/aed-semaine-rouge-rapport-campagne-persecution-chretiens.html.
On pourrait objecter que les musulmans sont massivement persécutés parce qu’ils se persécutent aussi entre eux, comme l’Etat islamique l’a fait vis-à-vis de ses coreligionnaires. Mais, d’une part, les persécuteurs restent musulmans et d’autre part, cela ne change rien au nombre plus élevé de victimes chrétiennes. En outre, pour le coup, il y a peu d’exemples de nos jours d’agressions du fait de la foi chrétienne, ni contre d’autres chrétiens, ni contre des non-chrétiens. Que peut-on citer ? Le cas de la tentative de meurtre d’enfants à Annecy est un des rares exemples, du moins c’est ce que l’agresseur a dit. Mais il reste encore peu clair quant aux motivations réelles de l’assaillant et rien ne lui permettait a priori de savoir si ses victimes étaient chrétiennes, d’une autre religion ou sans religion. Donc on ne voit pas trop la persécution du fait de la religion des victimes. Ce sont peut-être les actions de l’IRA, mêlant motivations politiques et religieuses, ou la guerre à la disparition de la Yougoslavie entre Serbes et Croates, qui pourraient en être des exemples. Quoique les causes sont peut-être davantage nationales que religieuses. Des cas en Afrique comme la Lord’s Resistance Army peuvent aussi être signalés, mais ils sont tout de même dans une zone relativement limitée. Et, par ailleurs, dans tous ces exemples, les musulmans ne sont pas visés.
Pour conclure, nous sommes heureux d’apporter notre contribution pour corriger ces graves erreurs. Et pour donner justice à nos frères chrétiens persécutés face à ceux qui manquent ainsi de la plus élémentaire charité en passant sous silence l’ampleur de leurs souffrances.
