Qui peut porter l’habit religieux et le voile ?

Qui peut porter l’habit religieux et le voile ? J’ai appris que seules les religieuses peuvent porter l’Habit (ou équivalent, comme certaines sociétés de vie apostolique, associations de fidèles reconnues…), et les vierges consacrées le voile avec un habit civil. Mais au fur et à mesure du temps, j’ai rencontré une vierge consacrée en habit complet (grand voile, tunique, scapulaire, chapelet, capeline), une laïque avec un habit proche de l’habit religieux (toujours le même uniforme, chapelet au côté, voile) et se faisant appeler ma Soeur parce qu’elle a fait une consécration au Sacré-Coeur de façon tout à fait personnelle… Alors quelles sont les règles et qui peut permettre le port de l’habit ou même du simple voile ? Et une oblate, tertiaire, associée…, peut-être se faire appeler ma Soeur N, avec le nom qu’elle a reçu, dans la vie quotidienne (s’il s’agit d’une séculière) ? Je connais des personnes qui ont été très perturbées par tout ce mélange qui existe et ne savent pas quoi en penser.

Avec l’apparition des communautés nouvelles et la restauration de l’Ordre des vierges, il est vrai qu’une certaine confusion a pu s’installer et que les choses sont moins simples (cf. https://reponses-catholiques.com/pourquoi-cette-confusion-entre-vierges-consacrees-et-laiques-consacrees/, qui porte déjà un peu sur le même problème). Les règles ne sont pas si stabilisées que cela. En outre, chacun s’habille comme il veut et si une femme veut se déguiser en religieuse, il faut démontrer qu’elle use de cet avantage pour que cela soit un délit au regard de la loi (car la loi civile de la République considère bien que l’usurpation de l’état ecclésiastique est un délit) : par exemple s’il y a escroquerie ou pour obtenir des passe-droits.

Certaines laïques consacrées de communautés nouvelles, comme celles des Béatitudes, portent un habit similaire à un habit religieux (grand voile, tunique, scapulaire, chapelet), d’autres ont un « habit » comme dans la Communauté de l’Emmanuel (haut blanc et jupe bleue-marine), le Chemin Neuf (haut blanc et bas beige). Au Chemin Neuf, hommes et femmes, laïcs engagés dans la communauté et laïcs consacrés dans le célibat le portent. Dans ces cas, ils se font appeler « frère » et « sœur », alors que ce ne sont pas des religieux. On peut considérer que c’est un abus de langage mais il semble que les autorités de l’Eglise n’ont rien trouver à y redire… Quand bien même elles ont demandé de profondes réformes sur d’autres points.

S’agissant des vierges consacrées, leur signe est le voile blanc et l’alliance. Comme la restauration est récente par rapport à la longue histoire de l’Eglise (1970), le moins que l’on puisse dire, c’est que les choses ne sont pas stabilisées pour elles non plus et, en plus, peuvent différer d’un diocèse à l’autre. Le Diocèse de Paris a tenté d’introduire une chape blanche et elle n’a pas beaucoup de succès pour l’instant. Les francophones sont toutes censées porter une grande étole blanche, éventuellement en voile sur leur tête. Toutes ne le font pas, même dans de grandes cérémonies liturgiques. La très grande majorité ne porte pas de signe distinctif dans la vie civile, outre leur alliance (et encore) et, si elles le peuvent professionnellement, une croix.

A l’inverse, certaines vont dans l’habillement inverse, si l’on peut dire, en portant un voile accompagné d’un habit de style religieux. Cet habit peut être celui de leur ancienne congrégation pour celles qui ont eu préalablement une expérience de vie religieuse, ce qui est assez courant… Ou pas. Comme le seul signe distinctif est le voile blanc, ce peut être un grand voile, un petit voile, une mantille blanche, un chèche blanc, une écharpe blanche, un fichu… Tout est possible. Et pour le reste de l’habillement, elles font comme elles veulent.

Quant à la façon de les appeler, la question n’est pas d’être séculière ou non. Les vierges consacrées sont justement des consacrées séculières, comme les prêtres et les diacres qui peuvent être séculiers (on dirait plutôt maintenant « diocésains ») ou « réguliers », c’est-à-dire religieux. Ce ne sont pas des laïques, même consacrées. Du coup, on peut tout à fait légitimement les appeler « ma sœur » ou « Sœur X ». Ce n’est pas obligé non plus. On peut les appeler aussi « Mademoiselle », si tant est qu’on ose encore ce mot plutôt qu’un « Madame » passe-partout.

Une femme qui a fait des vœux privés, en revanche, n’est pas une laïque consacrée par un engagement public auprès d’une communauté donnée. Il est abusif de se faire appeler « ma sœur » et de porter un habit religieux. Mais cela va être assez compliqué de l’empêcher. D’autant plus que c’est peut-être le signe d’un mal être profond et d’une difficulté à trouver sa place dans l’Eglise et le monde. Une grande délicatesse est requise.

5/5 - (2 votes)

Répondre