
Je confesse que Jésus est seigneur (Rm 10:9) et je suis lâche (Ap 21:8). Suis-je sauvé ?
[Nous invitons nos lecteurs à poser leurs questions dans les commentaires de nos articles car les questions ne nous parviennent plus autrement. Nous rappellerons ce message tant que le problème informatique ne sera pas réglé]
Ce n’est pas à nous de dire à qui que ce soit s’il est sauvé ou non, cela appartient à Dieu. Tout juste pouvons nous dire ce qui conduit vers le salut ou, au contraire, à la perdition, en nous fondant sur l’Ecriture, comme le fait la question, et le Magistère de l’Eglise catholique.
Magistère qui, rappelons-le, enseigne que ce sont les actes qui sont peccamineux, pas les tentations. Ou, pour le dire dans l’autre sens, la foi sans les œuvres est vaine ( Jc 2, 14-26).
Le courage est une vertu, appelée vertu de Force en théologie. La lâcheté en est un des vices inverses (par défaut de courage, mais la témérité, par exemple, est un vice par excès de courage). Mais sur le plan plus psychologique, c’est un trait de caractère. La question n’est donc pas d’être lâche ou non, mais de savoir ce qu’on en fait. Une personne lâche qui accomplit un tout petit acte courageux est plus méritante qu’un courageux qui en accomplit un grand avec facilité.
Donc, pour être sauvé, l’auteur de la question doit poser des actes de courages, si petits soient-ils. Et, contrairement à ce que bien des gens croient, la vertu s’éduque et s’acquiert (et donc le vice se combat). Depuis Aristote repris par la théologie chrétienne, on sait que l’éducation à la vertu permet aux actes vertueux de devenir un habitus. Ce terme est plus fort qu’« habitude ». Il signifie plutôt un comportement très ancré dans la personnalité, quasi automatique, « prendre le pli » comme on dit dans le langage courant.
Comment prend-on l’habitus du courage, et donc se défait-on de l’habitus de la lâcheté ? En accomplissant des actes courageux, en lisant ou visionnant des histoires mettant en valeur des personnes courageuses, en fréquentant des gens courageux etc. Pour cela, il convient de fonctionner progressivement, en posant des actes assez faciles, pour prendre l’habitus de les faire et pouvoir en accomplir de plus difficiles au fur et à mesure. Quelques exemples :
- Si une personne n’ose pas sortir de sa zone de confort, qu’elle ne commence pas par planifier l’ascension de l’Everest ou de courir un trail dans la jungle. Mais qu’elle commence par faire seule une journée de randonnée, par exemple. Puis de s’inscrire dans un club pour un weekend de randonnée, ou le faire avec des amis. Puis une semaine sur le Chemin de Compostelle en groupe
- Si elle a peur de voyager, qu’elle ne parte pas en trek en Papouasie directement. Mais elle peut commencer par visiter seule en une journée un lieu intéressant, puis de passer un weekend, puis un pèlerinage en groupe vers un lieu où les chrétiens sont en difficulté
- Si sa lâcheté concerne la peur des agressions injustes, qu’elle ne commence pas par aller dans des manifestations contre le gouvernement. Mais elle peut prendre la parole dans une réunion professionnelle pour dire calmement qu’elle n’est pas d’accord, et s’entrainer ainsi à prendre de l’assurance
- Sur le plan caritatif, qu’elle ne s’embarque pas tout de suite pour Calcutta afin de soigner les mourants dans les foyers des sœurs de Mère Teresa. Pourquoi ne pas commencer par une soirée de préparation de diner d’Hiver solidaire, puis de passer à une soirée de maraude et ainsi de suite ?
Ces conseils peuvent paraitre triviaux et doivent être adaptés à la situation. Mais l’idée est de poser de petits actes de courage. La lâcheté reculera et grande sera la joie.